Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les procès logiques de la tension
Introduction
De nos jours, militer, un acte largement discrédité, doit devenir une pratique que tout un chacun exercera, non seulement comme moyen de validation des logiques de la consécration de la modernité matérielle, mais comme posture de négation de la légitimité du mythe de la conservation utile de la culturalité. Nous observons, avec beaucoup de regret, que les mouvements émancipateurs ont cessé de recourir à l’examen des entités historiques comme objets matériels pendant que d’autres, du même camp pourtant, se laissent entraîner par des prétentions morales infligées à la texture de la doctrine. Le regret ne peut être renversé que si le courage de s’inculper cesse d’être passionnel.
Qu’avons-nous fait de nos déshonneurs ?
Il faut militer contre les postures qui incarnent le mythe de la belle haine de l’adversaire. Il est indéniable que le camp des conservateurs constitue une sérieuse menace pour l’appréhension de la condition humaine de l’Être moderne. Mais, les conservateurs ont une tribu de soldats, fortement névrotisés à leurs échecs savants. L’agrégat des corps idéologiques tire sa légitimité de la neutralité lexicale qu’on ne veut, par passion basique, lui accorder. Les passions politiques qui traversent les communautés combattantes sont hégémoniques de par l’embourgeoisement spirituel qu’elles offrent. Avatar de l’ère médiatique, à laquelle tous les agents politiques ont adhéré, la pulsion délexicalisante donne à la tension idéologique le privilège de l’ambiance et celui de la jouissance du corps passif. Tout être politique est censé sortir de ce que les pulsions ambiantes dictent et de dire de ce que l’Univers vide lui offre, sans pour autant se ressourcer ni au messianisme abrutissant, ni à la fuite impure. D’où l’idée de relancer la machine qui devrait penser les entités dont les conceptions, récupérées par les conservateurs, s’avèrent étrangères à nos luttes. Le militant de gauche est, avant tout, un angoissé de la situation incomprise du monde.
Le temps vous appelle
Militer devrait passer par l’examen du vide interrogateur, car, pour charger les structures, il faudrait que l’agent se fasse délester de ses attributs historico-culturels. Ce sont ces attributs qui donnent à l’objet scientifique la possibilité de dédouaner l’agent de gauche de ses responsabilités éthiques. Si le foyer de la résistance est marqué, le militant deviendra, sans nul doute, un chien de garde. Se pose alors le problème de  la manière dont devra se comporter le militant. Le legs, qui s’est matérialisé, ne peut nullement être questionné sans que d’énormes dégâts ne soient enregistrés. L’humanité a scellé son sort en se fiant à la contingence fondatrice : nous assumons les peines que nous inflige le moment perdu…de celui que nous vénérons par nécessité. Pouvons-nous vivre en dehors des structures historiques que nous avons héritées de nos ancêtres ? Que pouvons-nous devant le poids des structures archaïques ? Le militant mène son combat de situation, sans perdre de vue le paradigme de la gauche : harceler les dominants.
L’auto-action : refuge des recalés
Militer, c’est agir contre l’adynamie ambivalente : se tuer pour se plaire dans le vide historique. Quand il est donné d’agir, nous devons comprendre que nous luttons contre notre perte dans le conceptualisme « horizonté ». L’action du militant devrait avoir une logique dont l’aspect organique pourrait être emprunté, dans les formes, aux structures droitières, somme toute, dominantes et validées par la pression du moment. Ce plagiat ferait subversion en faisant comprendre que les formes ne sont pas bâtardes et qu’elles peuvent être détruites grâce à la militance idéologique, fondée sur le lien de la société et de la science. Le mégaphone pousse des sons mobilisateurs quand le clavier va à la quête du logement de la détente immédiate : militer, c’est comprendre ce à quoi aspire le temps quand l’Histoire se range du côté des dominants (comme elle l’a toujours été). Agir sans recourir aux entités (cataloguées sur une vieille dualité) que nous offre l’Histoire pour créer une tension dont celle-ci se servirait comme nourriture, c’est ce que nous devons cultiver dans l’action militante.
Conclusion
Tout acte militant devait être pensé comme la jonction de deux éléments : un moment de l’incompréhension de la matière et un questionnement du rapport de la subjectivité aux cadres historiques. Au terme de toute lutte, une dépression terrible se fait sentir : la temporalité se décharge et devient interrogatrice. Le je deviendra une sorte de défi que lancera le Moi à sa propre construction : qu’ai-je fait ? Mais espérer que le combat sera repris par la postérité n’est ni une disposition (neutre), ni une qualité (de projection), car la matière semble s’être donnée à toutes les possibilités scientifiques humanisantes. Le mythe du jour daté s’est dissipé…                                                                                                            
 
Abane MADI
          
Tag(s) : #Contribution
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :